
Perrette, une jeune fermière, s'en allait à la ville Il faisait beau. Elle partait vendre son lait et marchait bien droite, un pot au lait posé sur le coussinet qui coiffait sa tête. Tout en cheminant, elle pensait déjà à l'argent que la vente du lait lui rapporterait. Elle pourrait acheter une centaine d'oeufs, les faire couver, en avoir des poules, qui à leur tour, deviendraient des pondeuses ; elle vendrait leurs oeufs. Elle aurait aussi des poulets qu'elle élèverait devant sa maison, ils pourraient courir et leur chair ne serait que meilleure. Elle les vendrait aussi plus cher.
Qu'achèterait-elle alors avec le bénéfice réalisé ?

Un cochon, ça ne coûte pas bien cher à nourrir, il se contente des restes. Quand il serait devenu gras et gros, elle le revendrait pour avoir une vache et un veau. Elle le verrait sauter dans l'herbe. Là-dessus, Perrette sauta aussi. Le lait tomba : adieu veau, vache, cochon, couvée... La fermière, voyant sa fortune ainsi répandue, s'en retourna, triste, à la ferme. Son époux se fâcha.
Il n'est pas sage de faire trop de projets insensés. Il ne faut jamais rêver tout éveillé.