Mon univers dark underground où le réel et le virtuel se côtoient... Bonne visite chez la vieille corneille que je suis et à vous de m'apprivoiser ! Gnark ! Gnark !
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
Votre ami(e) s'habille en noir, met du maquillage sombre autour des yeux, lit de la poésie, ne manque aucun épisode de True Blood, écoute en boucle les disques d'Evanescence et de Marylin Manson... Est-ce là des signes dont on doit s'inquiéter ? Est-ce une crise d'adolescence, un phénomène de mode ou bien des symptômes d'un mal être existentiel ? Des personnages comme Lisbeth Salander de la trilogie Millénium (Stieg Larsson), ou encore Abby de la série NCIS, vous viennent peut-être à l'esprit. Et si votre ami(e) était gothique ?
Bon, il est grand temps de s'arrêter aux clichés. Tout d'abord, le fait de porter du noir et d'écouter Manson n'est ni nécessaire, ni suffisant pour appartenir à ce que l'on appelle le mouvement gothique. Tout simplement parce que ce mouvement n'existe pas. Il existe des mouvements - aussi bien artistiques que populaires - qui s'inspirent de la tradition gothique et du romantisme noir. Chercher à définir le true gothic, le gothique pur, est une entreprise vaine, car la culture dont nous parlons a toujours été hétérogène. Toujours, depuis ses origines.
Vous aimez la poésie, le théâtre ou la littérature de l'époque victorienne ? La vue des cathédrales fait-elle vibrer votre fibre romantique ? Alors, félicitations, vous êtes peut-être un(e) gothique qui s'ignore ! " Est-ce grave docteur ? " Non, pas vraiment. Au fond, nous le sommes tous à divers degrés.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
Les goths ressemblent à des oiseaux de mauvais augure, la musique qu'ils écoutent aurait donné le cafard à Bobby Lapointe, et leur lieu de rendez-vous préféré, c'est le cimetière municipal. Pas de doute, c'est bien une phase de gothisme aigu. C'est grave docteur ? Tout d'abord, une petite révision s'impose : d'où vient ce mouvement ? Quels sont ses codes ? Est-ce finalement aussi angoissant que cela en a l'air ?
Un mouvement né dans les années 80
La mouvance gothique prend sa source dans les années 80 avec la musique punk. Elle émerge en Angleterre avec des groupes comme Bauhaus, Siouxsie and the Banshees, Joy Division ou Virgin Prunes. En adoptant un style noir et résolument théâtral, ils s'inspirent directement du psychédélisme de Velvet Underground ou des Doors. La presse musicale qualifient ce mouvement de " monochrome punk ". Mais c'est avec l'ouverture de la boîte de nuit Batcave à Londres qu'il connaît un vrai retentissement médiatique.
Le gothisme évolue alors vers plus de lyrisme et de mélancolie à l'image du groupe Cocteau twins. Certains, comme The Cure, vont se diriger vers la pop, et la scène goth va peu à peu tomber en désuétude. Le renouveau vient de l'Allemagne, qui y ajoute des références bibliques et philosophiques. Puis les gothiques vont se disperser dans diverses influences, et certains se rapprocheront de la scène métal. L'univers des jeux de rôle et de l'héroïc fantasy viendra également apporter sa pierre à l'édifice.
Puis, à l'horizon des années 2000, des groupes comme Nine Inch Nails orienteront la culture musicale gothique vers un son plus industriel. Le gothisme a souffert de cette dispersion : la presse notamment fera vite des amalgames. Certains groupes comme Rammstein ou encore le charismatique Marylin Manson prendront ceci à leur avantage, créant un véritable phénomène de mode. Mais la confusion faite lors de la fusillade dans le lycée de Colombine en 1999 (les deux jeunes tueurs écoutaient de la musique " goth ") aura fini de diaboliser le mouvement.
Si on le qualifie parfois de sous-culture, car issu de la scène musicale, le gothisme n'en demeure pas moins un mouvement très riche : il a sa philosophie, ses références littéraires et cinématographiques et ses codes vestimentaires.
Un goût certain pour l'étrange, le fantastique, le mysticisme et les atmosphères sombres.
Parmi les maîtres à penser, on retrouve naturellement Bram Stocker (Dracula), Marie Shelley (Frankenstein), ou encore le poète Edgar Alan Poe. Ils se revendiquent également disciples de Baudelaire et cultivent le spleen et une certaine exacerbation des sentiments. On comprend vite que le gothisme s'inspire intellectuellement du romantisme du XIXe siècle, en bute contre le rationalisme. Ils font appel également au vampirisme allégorique. Cela se manifeste en réalité par une vision angoissante, déchirante et fataliste de la relation amoureuse. Tous ces thèmes se retrouvent dans la musique dont les paroles font résonner cet existentialisme et ces blessures de l'âme. Mais si votre ado s'en inspire, c'est surtout parce que la mouvement gothique est devenu une véritable opération marketing qui s'étend du marché du disque aux lieux de rencontres, en passant par des magazines et des boutiques spécialisées.
Un look.
L'apparence se doit d'être sévère et sophistiquée, et parfois élégante. L'image est primordiale. Le noir est censé représenter la dimension sombre et profonde de l'être, le renoncement à la vanité de ce monde ainsi que la mélancolie. Dans les faits, le renoncement est quelque peu mis à mal par l'impact commercial du mouvement. Mais on n'est pas à une contradiction près. Et on rencontre fréquemment des gothiques parés de nombreux bijoux, et lourdement fardés.
En marge de la société ?
Les gothiques communiquent fréquemment par le biais d'Internet, et il existe une multitude de sites. Ils sont totalement insérés socialement. Ne craignez donc pas que votre ado se renferme sur lui-même. Et sachez qu'en aucun cas, la culture gothique ne promeut l'isolement total, l'auto-mutilation, la consommation de drogue ou le suicide.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
Mode : Manière passagère d'agir, de vivre, de penser, etc., liée à un milieu et à une époque déterminée. Goûts collectifs, manières qui paraissent de bon ton dans une société déterminée. À la mode : conforme au goût du jour.
En proposant à ses lectrices, au début de l'été 2004, une héroïne au look gothique fascinée par la radiesthésie et communicant avec les morts, le magazine Elle ne faisait pas preuve d'originalité . Le gothique d'aujourd'hui est une tendance annoncée par les bureaux de style depuis plusieurs saisons, la mode contemporaine n'ayant de cesse de puiser son inspiration dans l'histoire et dans les cultures des jeunes. Trois semaines plus tard, subvertissant cette tranquille fascination, le réel rejoignait la fiction au c½ur d'un fait divers sanglant : deux femmes retrouvées noyées dans le canal de l'Ourcq. Un jeune homme, « adepte du mouvement musical gothique versant dans le satanisme » Piotr Smolar, « Un suspect dans l'affaire des deux..., faisait la une des quotidiens nationaux. Ce sont ces tendances contemporaines apparemment incarnées au quotidien depuis plus de vingt ans en Europe, en Amérique du Nord et au Japon, par une poignée de jeunes gens que nous nous proposons d'étudier, en privilégiant l'analyse de leur look vestimentaire et de leur philosophie. Pour écrire cette histoire, nous avons croisé plusieurs types de documents : entretiens, déclarations de Gothiques dans les forums Internet Les sites ont été consultés entre septembre et décembre... et articles glanés dans la presse. Par bien des aspects, la « culture gothique » contemporaine reste mal connue. Les sociologues se sont beaucoup intéressés aux mouvements Hippies et Punks, mais peu aux Gothiques. Les rares ouvrages disponibles, Gothic rock, Hex Files et 21th Century Goth de Mick Mercer Il les diffuse par son site Internet : www. mickmercer...., comme leur équivalent français, Carnets noirs, émanent des milieux gothiques et prétendent retracer l'histoire des « musiques froides des vingt-cinq dernières années » Stéphane Burlot, Mario Glénadel, Christophe Lorentz,... – celle des groupes, de leurs albums et de leur public.
Une vieille culture de jeunes
La culture gothique contemporaine est l'une des nombreuses cultures de jeunes (rockers, teddy boy, mods, hippie, punk, hip hop, rap...) nées avec la société de consommation dans les années 1950. Comme les autres, elle est ancrée dans un univers musical, incarnée par des allures vestimentaires, des styles corporels et dansés, et contribue à créer de nouvelles normes de comportement, servant un groupe précis d'individus. Mais elle s'en distingue aussi par sa permanence et sa capacité de renouvellement : elle existe depuis plus de vingt-cinq ans, en s'hybridant avec d'autres musiques, sans jamais perdre son identité. Dans cette nébuleuse foisonnent aujourd'hui des styles musicaux très divers dont seuls quelques-uns sont spécifiquement qualifiés de gothiques par les créateurs, les critiques musicaux et les jeunes qui s'en réclament.
Cousin du Punk, le style musical gothique est né et s'est répandu en Angleterre et aux États-Unis entre 1977 et 1982. En quelques albums devenus mythiques pour tous les Gothiques, Souxsie Sioux et les Banshees, Robert Smith et The Cure, Bauhaus et Joy Division ont jeté les bases et popularisé les thèmes de ce nouveau style : une musique « froide », « sombre », « hypnotique », « romantique » et « mélancolique ». Les auteurs des Carnets noirs utilisent ces adjectifs..., servie par une forte théâtralité (cheveux hirsutes ou rasés à l'iroquoise, maquillage blanc de pierrot, rouge à lèvre (rouge ou noir) pour filles et garçons, androgynie vestimentaire et goût pour le travestissement). Ces productions musicales marquent toutes celles qui suivent. Elles demeurent des références pour tous les amateurs – on écoute encore Bela Lugosi's Dead de Bauhaus dans les soirées gothiques – et leurs auteurs sont des icônes. Le retour remarqué, au début de l'été 2004, de Robert Smith et de Cure, renouant avec leurs albums de 1981 et 1982, Faith, Pornography et 17 Seconds, en témoigne. Le dernier album de The Cure passait en boucle dans le magasin gothique Edemonium, située dans le centre de Paris, comme Darkland quand nous nous y sommes rendue pour notre enquête. Siouxsie Sioux garde aussi ses admirateurs. Une photo d'elle datée de 1991 orne l'ouvrage Carnets noirs. De nombreux sites lui sont consacrés et sur l'un d'eux, un fan se dit « ensorcelé pour la vie » par elle.
Cette première vague, loin de s'émousser lorsque le Punk agonisait, retrouve une nouvelle puissance entre 1983 et 1988 grâce aux radios et aux clubs – au Batcave londonien où les groupes passent en live et dont les habitués se font remarquer de la presse par leurs looks audacieux. De nouveaux groupes, anglais et américains, Sisters of Mercy, Alien SexFiend, Specimen, The Mission, Fields of Nephilim, Christian Death, apparaissent dans le sillage des grands anciens qui se séparent Bauhaus disparaît en 1983.. Le style musical trouve alors son nom. Initialement appelé cold wawe (vague froide), ou posipunk (punk positif), il devient gothique pour la presse anglaise et américaine. Les Français continuent en revanche à parler de cold wawe, considérant les musiques gothiques comme un sous-genre du style new wawe Michka Assayas, Dictionnaire du rock, 2000 (article,.... Le terme Goths émerge parallèlement : il désigne spécifiquement les fans de plus en plus nombreux. « Hordes de Goths », écrit le journaliste Tom Vague en octobre 1983 à propos du public du groupe Southern Death Cult, ultérieurement nommé The Cult – un des groupes gothiques les plus influents durant les années quatre-vingt . C'est aussi aux Goths que se réfèrent au même moment les amis d'Andi Sex Gang, le chanteur du groupe Sex Gang Children, en le surnommant le « comte wisigoth » à cause de ses longues robes chinoises, de son maquillage et de ses cheveux noirs, et de son habitude de recevoir chez lui, au dernier étage d'une vieille maison victorienne
Le grand public entr'aperçoit l'univers de ces groupes et de leurs fans en 1985 lorsque Robert Smith et The Cure acquièrent une notoriété internationale avec leur album aussi pop que gothique, Head on the Door. La « curemania » s'empare de centaines de milliers d'adolescents en Angleterre, aux États-Unis, en France, en Allemagne et au Japon, qui adoptent le look de leur idole Robert Smith – c'est la norme depuis Elvis Presley – et en deviennent des clones. Les « corbeaux », le nom donné à tous ces fans pour leur allure très noire des cheveux jusqu'aux chaussures, hantent les villes occidentales et japonaises. Ils commencent à apparaître également en Allemagne de l'Est. Une première rencontre de fans a lieu à Potsdam en 1988. « Plusieurs centaines de personnes venues de toute la RDA » sont rapidement dispersées par la police.
Cette mode gothique se tarit avec la fin des années Quatre-vingt alors que triomphent le rap et le grunge. Pour les groupes gothiques, c'est le début d'une traversée du désert. Les grandes maisons de disque refusent d'enregistrer leurs disques. Les radios et les télés ne les programment plus aux heures de grande écoute. La presse se désintéresse du phénomène. Celui-ci survit pourtant dans ces conditions difficiles, et se renouvelle. Les groupes enregistrent pour des labels indépendants, organisent des concerts sans promotion ; les fans découvrent leurs ½uvres par le bouche à oreille et dans les soirées gothiques. Le regain d'engouement pour le genre vient d'Allemagne où des groupes le réinventent, en chantant en allemand de nouvelles complaintes gothiques. Cette renaissance est appelée dark-wawe par les critiques musicaux. Das Ich, Goethes Erben, Deine Lakaien, Merlons Lichter, Sopor Aeaternus animent cette nouvelle scène gothique. La réunification de l'Allemagne leur donne un public élargi. L'un des principaux festivals gothiques européens – celui de Leipzig, créé en 1992 – est issu de cet engouement allemand : il est aussi appelé Wawe Gothik Treffen. Pendant les trois jours du week-end de la Pentecôte, il rassemble dans la capitale saxonne plusieurs dizaines de milliers de goths. Les nouveaux Länder ainsi que les anciens pays socialistes d'Europe de l'Est sont particulièrement réceptifs à cette nouvelle musique. Pour ces groupes gothiques, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque sont des terres de missions où ils prospèrent. Tous les groupes, surtout les plus obscurs, s'y rendent en tournée. Fanzines en tout genre (papier ou virtuels) et clubs y font activement leur promotion.
C'est d'Amérique du Nord cependant qu'arrive la vague gothique à l'origine de la mode actuelle. Dépassant la scène musicale, cette vague est portée par le développement du réseau Internet et par la fascination hollywoodienne pour de sombres héros : vampires, chasseurs de vampires et autres créatures fantastiques, de l'avenir ou du passé. Elle touche un large public, bien au-delà des cercles gothiques. Dans le domaine musical, Marilyn Manson est une de ses figures les plus marquantes. Le chanteur éponyme et son groupe apparaissent véritablement en 1993, lors de leur première tournée américaine, avec le groupe de Trend Reznor, Nine Inch Nail. Leur succès devient mondial en 1996 grâce à l'album Antichrist Superstar. Si la musique de Marilyn Manson n'est pas véritablement gothique, mais d'un genre proche – les disquaires la classent « métal-indus » –, le personnage sous lequel se montre Brian Warner s'impose rapidement comme une icône gothique à part entière, puisant largement à cet imaginaire et s'en nourrissant. Dans les forums gothiques, le cas Marilyn Manson suscite de très vives discussions et divisions. Ses moindres faits et gestes sont décortiqués, jusqu'aux rumeurs. Les internautes multiplient à son propos les qualificatifs laudatifs ou insultants. « Bon artiste », « très cultivé », etc., pour les uns ; « analphabète », « merde commerciale », « mauvais musicien », etc., pour les autres. Robert Smith et The Cure avaient eu un succès aussi important, mais sans engendrer cette méfiance. Entre-temps, la culture gothique s'est inscrite dans un art de vivre dont la musique est une expression parmi d'autres, un art de vivre qui n'est plus seulement confiné aux marges et aux adolescents.
Les milieux gothiques actuels rassemblent de jeunes adultes et des adolescents. La moyenne d'âge de l'échantillon étudié par Antoine Durafour est de 23 ans. À Leipzig, le festival Wawe Gothik Treffen accueille des familles entières : ces même jeunes adultes et leurs enfants en bas âge, comme le montrent les photos et les discussions sur le forum du site. « Peut-on amener des enfants dans les concerts ? Doivent-ils payer ? », s'interrogent certains. « C'est possible avec des bouchons d'oreille adaptés vendus dans les pharmacies », répond l'un. « On n'emmène pas les enfants dans les soirées, pourquoi les emmener dans les concerts », argumente l'autre. Être gothique est une passion au long cours, une identité. Dans les forums, nombreux sont ceux qui revendiquent dix années et plus de présence dans les milieux gothiques. L'Anglais Pete Scathe devenu goth en 1984, affirme sur son site l'être encore en 2004, admettant toutefois un passage à vide au début des années quatre-vingt dix. Mick Mercer a connu le même cheminement, le passage à vide en moins. Il découvre les musiques gothiques dès leurs prémices à la fin des années soixante-dix, devient fan, puis historien du mouvement à partir de 1988. Sans doute ces « gothiques historiques » installés dans cet art de vivre constituent-ils une minorité, mais ils sont une minorité agissante qui détermine l'inclusion ou l'exclusion. La majorité des adolescents qui s'expriment sur les forums dissimulent leur âge et, quand ils l'avouent, éprouvent le besoin de plaider l'authenticité de leur passion : « J'ai 17 ans, et c'est très dur de se faire traiter de fausse goth par des gens qui ne vous connaissent pas ». D'autres assument : « Je suis une fausse goth, évidemment, cela me passera ». Tous se plient aux normes implicites. Être un adolescent ne fait pas sérieux dans les milieux gothiques.
Une importante présence féminine constitue une autre particularité de ces milieux. La mixité ne va pas de soi dans les cultures jeunes et les milieux qui en sont issus (les bandes, par exemple. Le Punk a toujours été très masculin, tout comme le Hip Hop et le Rap. Or, dans les groupes gothiques, les chanteuses sont nombreuses : Siouxsie Sioux, Lisa Gerrard de Dead Can Dance, Gitane Demone, Anne Marie Hurst de Skeletal Family, Mathyanna de Der Blutharsch, Francesca Nicoli de Atazraxia, Amy Lee de Evanescence... Le groupe X-malDeutschland créé en 1986 fut, au départ, entièrement et exclusivement féminin. Ces chanteuses servent aux jeunes filles de modèles favorisant ainsi leur insertion dans les milieux gothiques. « J'essaie de ressembler à Amy Lee, la chanteuse du groupe Evanescence, et je suis contente parce qu'on me dit que j'y arrive », nous a confié l'une d'elles. Cette dimension féminine déteint d'ailleurs sur les garçons, ceux des groupes et leurs fans. Robert Smith est apparu à plusieurs reprises habillé en femme, et le rouge à lèvre très rouge reste sa marque de fabrique depuis plus de vingt ans. De même Rozz Williams de Christian Dead a soigneusement cultivé l'ambiguïté jusqu'à personnifier une créature transgenre, homme et femme à la fois, sans être transsexuel. Dans les forums, les pseudonymes des participants créent la même confusion. Un dénommé Tess, dont on pouvait penser qu'il est une fille, se dit « grand prince vampire », une autre K-Je se dévoile dans un dessin de fille aux cheveux gris vêtue de cuir .
Enfin, et cela explique leurs particularités sociologiques, comme les Hippies, les Gothiques sont issus des classes moyennes et favorisées – rarement de la classe ouvrière, contrairement aux Mods et aux Punks. On y trouve beaucoup d'enfants d'enseignants et de cadres supérieurs. La première gothique que nous avons personnellement rencontrée en 1988 était québécoise et fille de professeur. Quand nous leur avons posé la question, quatre collègues de notre établissement scolaire ont reconnu avoir un adolescent gothique dans leurs proches. Ces jeunes sont souvent de bons élèves et font des études supérieures. Rares sont les « décrocheurs », sauf évidemment quand ils sombrent dans la toxicomanie. L'adolescent gothique en rupture scolaire semble être un « marronnier » – un sujet pour magazines, destiné à faire vendre du papier en affolant les parents. Pete Scathe était étudiant à l'université quand il a adopté le mode de vie gothique en 1984. Une jeune fille gothique (âgée de 17 ans), rencontrée chez Darkland, s'est présentée comme apprentie dans un institut de beauté, s'habillant et vivant gothique le soir et le week-end, affirmant ses goûts par un signe sur son sac à main (un pentacle) et par des bijoux discrets, le reste du temps. Ses choix identitaires marginaux ne semblent donc pas la conduire à une exclusion sociale.
« Une esthétique affiche simultanément une éthique »
Au même titre qu'écouter de la musique, s'habiller et se parer sont des préoccupations gothiques. C'est par leur look que les Gothiques se distinguent nettement des autres, et se retrouvent entre eux, comme les Mods, les Hippies ou les Punks. Le conformisme dans cette volonté de distinction est particulièrement fort pour les adolescents. Dans les forums, on s'échange volontiers les bonnes adresses de boutiques tout en déplorant les prix élevés pratiqués par certaines et on raconte les ruses déployées pour trouver ou fabriquer soi-même les tenues arborées au quotidien ou dans les soirées. « Moi, je fais mes vêtements toute seule, et ils sont pas mal. Tout le monde me demande où j'ai acheté ce truc ou ce machin » « Coudre ça permet d'avoir des trucs que les autres n'ont pas ». La fabrication maison était initialement la règle. Elle n'est plus indispensable depuis qu'un véritable marché existe, avec ses boutiques réelles et virtuelles. Ces dernières constituent une part importante des sites gothiques répertoriés par le moteur de recherches Google. Au Canada, des défilés de mode gothique masculine et féminine sont organisés et des photos sont visibles en ligne. On trouve même une mode enfantine
Nombreux sont les Gothiques « habillés en noir de la tête aux pieds », pour qui le port exclusif de cette couleur demeure une évidence. Ce choix du noir remonte aux débuts. C'est celui de Robert Smith et de Siouxsie Sioux en 1981-1982, avant d'être copié par tous leurs admirateurs. C'est aussi celui des autres groupes, au point que noir et gothique finissent par se confondre dans l'esprit de tous. Lorsque les premiers Gothiques firent ce choix, il s'agissait d'un acte radical dans le monde du rock comme dans celui de la mode. Personne, au début des années quatre-vingt, sauf les gens d'Église – et de moins en moins, la soutane ayant été abandonnée –, les gens en deuil et les anarchistes, ne portait ainsi le noir. Chez les créateurs de mode, cette couleur était quasiment absente des collections. Toutes les autres couleurs et les imprimés, synonymes de jeunesse depuis le début des années soixante, étaient privilégiés. Seuls les deux créateurs avant-gardistes japonais Rei Kawakubo et Yohji Yamamoto, qui firent leurs débuts à Paris en 1982, osèrent le noir. Leurs collections firent scandale, jusqu'au début des années Quatre-vingt-dix. Ils seront peu suivis, sauf par deux créateurs belges débutants de l'Académie d'Anvers : Ann Demeulemeester et Martin Margiela. Leur noir signifie le refus du système traditionnel de la mode. Il ne peut être qu'un choix minoritaire. Dans le monde du rock, porter du noir, c'est affirmer ses liens avec l'esprit rebelle des débuts du rock – celui des blousons noirs – tout en se distinguant des Punks.
Le noir n'est pas le seul élément distinctif du look gothique. Il faut y ajouter le soin apporté à la chevelure, toujours longue et noire, naturellement ou artificiellement, la présence d'un maquillage très visible, le port de nombreux bijoux en argent et de chaussures particulièrement voyantes, massives ou pointues – Doc Martens, Sorcières, New Rock – et de robes longues par les filles. Tous ces éléments ont existé d'emblée. Ils ont perduré dans les années Quatre-vingt-dix quand le noir est devenu la couleur de l'uniforme urbain contemporain, en s'enrichissant de références nouvelles puisées à diverses sources : dans le répertoire du fétichisme sado-masochiste et dans le cinéma populaire américain – celui de films comme La Famille Adams, The Crow ou The Matrix. Ensemble, ces éléments sont à la base de la dizaine de looks actuels répertoriés sur un mode humoristique par The Crobard, dans Les Goths, Petit précis d'ethnologie urbaine : batcave, néo-batcave, fétish, indus-EBM, dark-folk, médiéval, métalleux, spooky-kid, color-goth, post-mansonien.
Le look gothique se veut théâtral et ne recule devant aucune excentricité. « Le style s'inspire des coupes anciennes, comme celle de la Renaissance », souligne Thomas Éric Bruno (17 ans), dit Angus. Comme celles de « l'ancienne Égypte, du XVIIIe et du XIXe siècle, tout spécialement l'époque victorienne (1840-1870) », précise la Canadienne Marie Ariane Kathy, dite Mortycyan, couturière gothique depuis 1994. On retrouve cette inspiration dans les chemises à jabot de dentelle, les corsets portés comme des vêtements et non en sous-vêtement, les robes longues en panne de velours lacées et décolletées, les jupons en dentelles... Au Japon, les Gothic lolitas se composent des tenues de poupées victoriennes. Ce passé exhibé dans le costume est toujours un passé de fantaisie, recomposé à partir de sources de seconde main et transposé dans les matériaux les plus modernes, plus synthétiques les uns que les autres. C'est un simulacre. « Du brocard qui ressemble à un vitrail, cela nous plaît par-dessus tout ». Ce goût pour le passé va au-delà du look. Il imprègne entièrement de la culture gothique. « Les gothiques aiment la période gothique », persifle un site parodique. De nombreux albums fourmillent de références médiévales. La pochette d'Aion de Dead Can Dance reproduit par exemple un détail de tableau de Jérôme Bosch. Sur les sites Internet, les bannières sont systématiquement écrites en caractères gothiques. Les noms des groupes sont de ce fait souvent des mots ou des expressions grecques ou latines : Sopor Aeternus, Ataraxia...
« Le gothique n'est pas qu'une mode, c'est surtout une philosophie », insistent les Gothiques quand ils sont interrogés sur leur look. Les textes des chansons ainsi que les poèmes mis en ligne sur les sites personnels disent essentiellement une quête de sens d'un moi souffrant, dans le droit fil des Fleurs du mal de Charles Baudelaire. Ce recueil est d'ailleurs depuis l'origine pour de très nombreux Gothiques (y compris anglo-saxons) la référence en matière de poésie. Das Ich est le nom d'un groupe allemand. The Cure fait référence à la cure analytique. « Écouter la musique remplace le psy, c'est comme une sorte de journal intime », dit l'un de nos enquêtés. Les préoccupations philosophiques et spirituelles découlent de cette posture. Elles sont affichées de différentes manières, dans les discussions entre internautes et dans le look, par les pentacles et autres croix renversées, peintes sur les sacs ou portées autour du cou. La culture gothique est un fourre-tout. Satanisme, paganisme et ésotérisme y cohabitent avec l'athéisme. Aghast, le duo féminin suédois créé en 1994, chante des rituels de sorcellerie païenne, des runes nordiques, et utilise des rythmes chamaniques pour entrer en transe. L'une des deux chanteuses s'est ensuite mariée sous serment à Odin. Le groupe portugais Karnos est imprégné de paganisme celtique. « Be your own god », insiste le médiatique Marilyn Manson depuis ses débuts. Thomas Éric Bruno s'en explique sur son site : « Ta religion ? [...] par le passé je fus ce que l'on appelle un sataniste moderne [...] aujourd'hui [...] je suis plutôt voire carrément athée, disons que je ne reconnais pas d'autorité divine bien que je me pose de nombreuses questions sur l'au-delà et l'existence réelle des âmes ». À chacun ses idées revient comme un leitmotiv dans les forums gothiques. Quand la discussion dérape, il y a toujours un internaute pour rappeler immédiatement qu'il est interdit de juger les points de vue exprimés.
Rien d'étonnant donc si le vampire est un centre d'intérêt éminemment gothique. Bauhaus a mis en lumière le personnage de Dracula dès 1978. Le vampire suscite à la fois une identification et des croyances. « Je suis un gothique vampirique » ; « Désormais quand on me dit : tu t'habilles tout le temps en noir, tu aimes les vampires... t'es goth ou quoi ? Je pense répondre : ben... oui et alors ? ». De cette fascination, un sous-groupe, les « vampyres », serait né, à New York, au milieu des années Quatre-vingt-dix. Leur fondateur et leader, Father Sebastian, prothésiste dentaire de formation, « a commencé sa carrière en fabriquant des crocs de vampire personnalisés, d'un réalisme effrayant, pour les clients des night-clubs branchés et les adeptes de jeux de rôles grandeur nature », raconte un internaute savoyard.
Chacune de ces convictions peut conduire le Gothique à renoncer à certains éléments de son look. C'est le cas pour Coralie, Gothique devenue végétarienne. « Maintenant (après m'être habillée en noir pendant dix ans) je ne suis plus en noir de façon systématique, et j'ai arrêté de me teindre les cheveux en noir corbeau ou rouge, (surtout parce que les teintures étaient testées sur les animaux et il était hors de question pour moi de continuer à les utiliser). Mais j'écoute toujours de la musique dark ».
Le sociologue canadien Benjamin-Hugo Leblanc voit dans les pratiques gothiques quelque chose de très formel, sans réel contenu religieux, une simple « imagerie qui sert davantage dans la forme que dans le fond, vidée en quelque sorte de sa substance pour servir les besoins d'un décor ». Pourtant les débats qui agitent les internautes gothiques sont quelquefois savants. Un site consacré aux vampires évoque l'actualité des sacrifices animaux dans le culte chrétien contemporain et cite des pratiques syncrétiques sud-africaines. « Dans une église près de Pretoria, lit-on, on a fait un enregistrement vidéo d'un prêtre bénissant des poulets et des chèvres pendant la messe. Les animaux ont ensuite été tués et leur sang sacrifié a coulé dans un trou creusé à l'extérieur de l'église » .
Ces quêtes se veulent aussi apolitiques. « Je suis devenu goth, c'est pour le message que je trouve plus sain parce que non politisé ", explique un gothique dans un forum. Cet apolitisme est une différence revendiquée par certains musiciens. Siouxsie Sioux et Robert Smith, par exemple, ont toujours affiché leur refus de l'engagement politique. Les Gothiques et leur culture ont poussé sur les marges du libéralisme et sur les ruines du communisme, sans utopies de rechange. Distinguer milieux gothiques et milieux d'extrême droite est pourtant un souci permanent dans les sites gothiques et chez les critiques musicaux. Le risque de confusion vient du flirt poussé que certains groupes ont pratiqué avec les idées et les images fascistes : les Anglais de Joy Division, dont le nom reprend celui des prostituées destinées aux SS, et de Death in June, qui fait référence à la mort des SA d'Eric Roehm en juin 1934. Siouxsie Sioux a porté longtemps un brassard à croix gammée. Laibach, un groupe slovène, fait systématiquement le salut fasciste sur scène. Marilyn Manson a singé Hitler sur scène lors de sa tournée Antechrist Superstar. Tout cela est parodique, quand ce n'est pas simplement esthétique, plaide-t-on dans les milieux gothiques. Chez Death in June, il y a « une identification purement symbolique aux SA [...] Douglas Pearce souhaite afficher son homosexualité », explique le critique Olivier Steing.
Un consensus impossible
Que leur esthétique puisse être à la mode agace la plupart des Gothiques actuels. Ils le clament dans les forums et ailleurs. Tous ceux que j'ai rencontrés ont réagi fortement à cette affirmation. Être gothique n'est pas, pour eux, une affaire de mode, mais un art de vivre loin des modes. Leur look même se veut atemporel. Celui de Robert Smith n'a guère varié en vingt-cinq ans : il porte toujours le même rouge à lèvres qui bave, sa coiffure en pétard et ses vêtements sombres. « Les temps passent, nos fringues demeurent », affiche sur son site Internet une marque gothique grenobloise.
Ces cinq dernières années, l'esthétique gothique s'est imposée durablement au cinéma, à la télévision, dans la mode vestimentaire et le design. Elle inspire toutes les marques du Sentier qui la diffusent dans leurs boutiques. « Aujourd'hui, on trouve des résilles et des jupes à sangles chez Jenyfer », fait remarquer une vendeuse gothique de la boutique Darkland. Au Japon, de très nombreuses marques connues proposent des tenues gothiques pour les lolitas gothiques.
Cette mode n'a pas échappé à la chanteuse Madonna. En février 1998 déjà, pour son clip Frozen, elle portait une robe d'inspiration gothique signée Jean-Paul Gaultier. Un mois plus tôt, elle arborait une robe du jeune créateur belge étiqueté gothique Olivier Theyskens, qui venait de faire sensation avec sa première collection. « Ses robes [...] brodées de vrais poils ou décorées de crânes et d'oiseaux empaillés [...] sont déformées par des crochets, qui donnent aux mannequins un air de gouvernante victorienne ». Plus récemment, en 2003, ce fut le tour de Patricia Kaas de porter sur scène ce que Le Monde nomme « des sortes de lambeaux gothiques » et de revendiquer le parti pris jusque dans sa musique. « En ce moment la tendance est au rock, au gothique. Forcément on est influencé », a-t-elle déclaré à un journaliste de L'Humanité. La chaise Ghost, en plastique transparent, de Philippe Starck, est une autre manifestation de cette mode. Le noir gothique fut une des tendances fortes de la mode des podiums de l'hiver 2002. « En cette fin d'année, la plupart des créateurs ont donné naissance au gothique chic », analyse une journaliste ; et de citer les créations des marques Balenciaga, Yohji Yamamoto, Sonia Rykiel, Gucci, Yves Saint-Laurent, Jean-Paul Gaultier... Dernier et peut-être ultime avatar de cette mode gothique, les variations d'Issey Miyake qui, pour sa ligne « Pleats Please », dans sa collection très noire de l'automne-hiver 2004-2005, a décliné comme des motifs parmi d'autres quelques emblèmes gothiques : les monstres, la chauve-souris et Dracula.
Tendance forte, mais mode avant tout pour le grand public, la mode gothique est pour d'autres un pari commercialement hasardeux. Au début de l'automne-hiver 2003, après avoir longuement annoncé à ses clients dans son magazine publicitaire que l'hiver serait gothique, le magasin Le Printemps a finalement renoncé au dernier moment à faire des vitrines de Noël gothiques. Cette mode fut considérée par les responsables commerciaux du magasin comme trop déroutante pour la majorité de ses clients. Peut-être furent-ils influencés par les déboires commerciaux de la maison Baccarat qui, sur les conseils des bureaux de style, avait hésité entre le courant zen et le courant baroque mâtiné de gothique et s'était fourvoyée en misant sur le second.
Peu nombreux sont les créateurs qui osent cette esthétique autrement qu'en touches. Seuls Jean-Paul Gaultier et de « jeunes » créateurs comme le duo Victor and Rolf, Olivier Theyskens, Raf Simmons, Véronique Branquinho ou Libertin Louison et quelques Japonais osent l'assumer ouvertement. Chaque saison, des silhouettes gothiques arpentent les podiums de Jean-Paul Gaultier. Populariser les pratiques marginales est en effet une des constantes de son travail. Il fut le premier créateur à faire défiler les tatouages et les piercings (vrais et faux) en 1994, à faire monter la mode de la rue sur les podiums et à s'interroger sur les frontières entre les sexes, les races et les sexualités. Rien d'étonnant donc que l'ex-« enfant terrible de la mode » parisienne ait l'½il rivé sur la scène gothique et se soit rendu en 2003 au concert parisien de Marilyn Manson. « Jean-Paul Gaultier m'a donné un scarabée et un livre sur le travail de Hans Bellmer. Nous avons parlé des vêtements qu'il dessinera pour cette tournée », raconte ce dernier sur son site officiel.
Puiser son inspiration dans l'univers gothique contemporain est admis lorsque la notoriété est acquise ; en revanche, persévérer quand on débute ne fait pas sérieux... Le portrait consacré en 2004 par le magazine Vogue à la créatrice belge Véronique Branquinho le montre. « En 1998, Branquinho expliquait qu'elle créait des vêtements pour la “doom generation” avec une fascination pour les esprits noirs, humeurs noires et vêtements noirs. Ces dernières années, elle a présenté des collections plus matures, optimistes, romantiques et féminines. Les couleurs neutres, formes fluides et graphiques ont remplacé le noir gothique ». De même pour Libertin Louison : alors que chacune de ses robes était unique et nécessitait l'intervention de nombreux artisans (plumassiers et brodeurs), son travail était sans cesse renvoyé à l'univers du prêt-à-porter, par des journalistes qui appréciaient peu son inspiration gothique.
Les adolescents gothiques, et leurs aînés continuent en effet à faire peur aux parents et à la société, en France comme ailleurs. Depuis la fusillade de Littleton, en 1999, les faits divers impliquant des Gothiques font systématiquement la une de la presse. « Ils étaient donc des goths », soulignait pour le public français la journaliste du Monde. On leur prête aussi des goûts qui font peur : pratiques religieuses et sexuelles, prédilection pour les cimetières, fascination pour la mort cachée ou aseptisée par la société... « Les suspects cultivaient un look gothique. C'est l'un des éléments qui a amené les enquêteurs à s'intéresser à eux », note un journaliste lyonnais, sans commentaire à propos d'une enquête sur une profanation d'église. Commentant « les tenues bizarres de nos adolescents », le magazine Maxi qui tire à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires suggère la consultation d'un psychologue pour un seul d'entre eux, au « look gothique, sataniste ».
Les excès supposés des Gothiques font peur aux jeunes eux-mêmes. La rumeur rapportée par Tristan (15 ans), qui écoute par ailleurs en boucle les disques du groupe allemand Rammstein, le démontre. Lors d'un concert de Marylin Manson, un jeune aurait attrapé le sida piqué par une seringue tenue par un fan du chanteur américain. Dans les collèges, les élèves au look gothique vivraient dans l'isolement et la suspicion. Leur radicalité et leur marginalité assumée sont souvent interprétées par la majorité des adultes au mieux comme une possible déviance, quand ils ne redoutent pas leurs penchants suicidaires présumés.
Le gothique actuel est une esthétique dépourvue de consensus, car elle n'est porteuse d'aucun universel, contrairement au néogothique du xixe siècle qui, en France, incarnait selon Philippe Boutry le rêve de l'unité chrétienne d'avant la Réforme. Le gothique d'aujourd'hui se nourrit et favorise le culte du moi post-moderne, épris de sens et soucieux de distanciation. Il s'impose à ses adeptes et à ceux qui les regardent comme un art de vivre fascinant. Sa radicalité non-violente assumée au quotidien est aussi une image d'un univers plus citoyen. L'avenir de cette mode apparemment passagère semble tout compte fait assuré. ?
Autoportrait de Thomas Éric Bruno, de son pseudonyme Angus (en hommage à son chanteur préféré, Angus Young, du groupe AC/DC), 17 ans, habitant Lille. Créateur d'un site dont la bannière est : Tendrement gothiques. Texte lisible, sous le lien « Omphalophilie ». Extraits. « [...] comment en es-tu venu à la philosophie qu'est le gothisme ? [...] je ne suis pas arrivé en chantant Bella Lugosi's dead avec des docs [Martens] aux pieds et Les Fleurs du mal à la main [...] tout jeune déjà, j'étais très attiré par les choses et les ambiances sombres [...] vers mes 5 ans, je me suis mis précocement au hard [rock] avec « Smoke on the Water » des Deep Purple. En CM1, les premiers “666” font irruption en masse sur mes cahiers de cours (sans en connaître la réelle signification) [...] les premiers pentacles apparaissent en même temps que ma première paire de Doc (mauve, je m'en souviendrai toujours) [...] en m'instruisant un peu, je me suis logiquement orienté vers le gothisme après une courte période de deux ans dans l'ésotérisme et le satanisme qui pour finir ne m'ont rien apporté du tout [...] ».
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.
N'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.235.195.196) si quelqu'un porte plainte.