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1 386 articles taggés Culture gothique

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Le gothique espagnol

Le gothique espagnol
 
• Cette page espagnole s'ouvre sur une production qui ne l'est qu'à moitié. En effet, Le manoir de la terreur (Horror – The Blancheville Monster) est le fruit de l'association de deux compagnies, l'une espagnole, l'autre Italienne. Le réalisateur est italien (Alberto De Martino), mais le film est tourné en Espagne.
L'histoire est présentée comme s'inspirant d'Edgar Poe (L'enterrement prématuré). Sans doute faut-il comprendre que ce film de 1963 s'inspire du succès croissant que Roger Corman connaissait aux USA avec ses adaptations de cet auteur du XIXe (Premature Burial était sorti l'année précédente). On y retrouve effectivement les grandes qualités gothiques des oeuvres de Corman (notamment la séquence onirique dans une forêt d'arbres morts plongée dans la brume).
 
Le manoir de la terreur a été tourné (intérieurs et extérieurs) au château Coracera (XVe siècle), situé dans la commune de San Martin de Valdeiglesias (Communauté de Madrid). Il s'agit d'un édifice militaire massif et austère, percé de rares fenêtres. D'autres scènes sont filmées dans une vaste église en ruine au son d'une musique particulièrement funèbre. Le réalisateur exploite bien les verticalités disproportionnées ainsi que l'atmosphère cloîtrée et labyrinthique de ces lieux hautement gothiques.
Le récit est tout autant fidèle au genre : des personnages mystérieux et inquiétants, des cris dans la nuit orageuse venant d'une tour censée être inoccupée, une jeune femme errant à minuit dans les dédales du château à la lueur vacillante des bougies, une malédiction, ou encore la promenade dans les ruines.
Voici donc une œuvre que l'on peut donner en exemple du genre gothique au cinéma !

Le gothique espagnol
         
• Il faut accorder à Blood Castle (Ceremonia Sangrienta, 1973) d'indéniables qualités gothiques, en plus d'être un film bien joué, bien décoré et bien réalisé par Jorge Grau [1930] dont c'est le seul film du genre.
Il s'agit d'une adaptation de l'histoire de la comtesse Bathory, par certains aspects trop « réalistes » pour le rêve gothique.

Le gothique espagnol
         
• Il faut saluer avec admiration Paul Naschy, un des grands (si ce n'est le grand) représentants du gothique ibérique. En 1981 il écrit, réalise et joue dans El retorno del Hombre Lobo, un film hommage aux âges d'or du gothique américain et britannique (années 30 à 60). Les années 80 sont tout sauf propices à ce genre cinématographique. Autant dire que ce film connaîtra une diffusion modeste. Et pourtant, il ne manque pas de moments magiques. On pourrait lui reprocher de compiler bien des lieux communs. Mais ce serait mal comprendre le gothique, dont le but n'est pas d'innover, mais de créer une ambiance, des images saisissantes, des moments envoûtants, surnaturels.
 
Le gothique espagnol
Tags : Culture gothique
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#Posté le lundi 30 janvier 2017 00:41

Les autres gothiques italiens

Les autres gothiques italiens
 
• Lorsqu'en 1956 Riccardo Freda (aidé de Mario Bava) réalise le premier film d'épouvante gothique italienne, I Vampiri, le public n'est pas au rendez-vous et la tentative reste isolée. Mais lorsqu'en 1959 sort à Rome Dracula il vampiro (c'est-à-dire Le cauchemar de Dracula réalisé en 1958 par la Hammer Film), le succès est énorme. L'année 1960 marque ainsi la naissance du gothique transalpin, et le premier à s'engager dans l'aventure sera Renato Polselli (1922-2006), un précurseur un peu oublié. Cette indifférence est compréhensible si l'on compare son premier film gothique, L'amante del vampiro (The Vampire and the Ballerina), avec Le masque du démon également réalisé en 1960 par Mario Bava, et pareillement inspiré du succès montant des gothiques de la Hammer.
L'amante del vampiro est donc un « bis » désargenté du Dracula de Terence Fisher, mais Polselli parvient tout de même à trouver l'atmosphère gothique en saisissant (avec une belle photographie noir et blanc) une nature inquiétante, des ruines d'aspect médiéval, et quelques vues intérieures d'un château. Probablement inspirée de Vampyr (1932, Carl Theodor Dreyer), la scène d'« enterrement prématuré » où l'infortunée est spectatrice de son acheminement jusqu'à sa dernière demeure, est assez envoûtante.
Avec ce film, Polselli lancera le genre « troupe de jeunes filles aux prises avec un monstre ». Une formule (dont la paternité revient également au brillant scénariste Ernesto Gastaldi) qui présente l'avantage d'allier deux arguments commerciaux : l'épouvante et les jeunes filles légèrement vêtues. Notons enfin la présence de Walter Brandi (le Pierre Mondy du film de vampire italien), et surtout l'importance des éléments érotiques, caractéristiques des gothiques de Renato Polselli.
 
Les autres gothiques italiens
             
• Après L'amante del vampiro, Renato Polselli tourne en 1961 L'orgie des vampires (Il mostro dell'opera) qui ne sortira qu'en 1964.
Ce film, qui semble osciller entre le ridicule et l'admirable, propose un très improbable mélange entre l'imagerie gothique et des chorégraphies à la Pina Bausch ! L'action est censée se dérouler dans un ancien château reconverti en théâtre. Le décor médiéval est pauvre, mais les quelques éléments disponibles sont assez bien utilisés. Le film ouvre sur une scène onirique qui, malgré le réveil de la rêveuse, semble se poursuivre durant tout le film, tant L'approche de Renato Polselli est irrationnelle et artificielle.
L'histoire propose à nouveau une variation sur le thème polsellien du groupe de jeunes filles cloîtrées, à la merci d'un vil personnage retrouvant chez l'une d'entre elles l'image de son amour perdu.
À noter : les femmes vampires enchaînées dans la cave selon une mise en scène que reprendra Alan Gibson en 1973 dans Dracula vit toujours à Londres.
Renato Polselli achèvera sa « trilogie gothique » en 1973 avec La réincarnation d'Isabelle (Riti, magie nere e segrete orge nel trecento...) que nous avons placé dans la page consacrée aux films pseudo-gothiques, car il s'éloigne trop du genre pour figurer avec les deux premiers.

Les autres gothiques italiens
           
• En 1960, constatant le succès commercial dont profite L'amante del vampiro de Renato Polselli, Piero Regnoli (1921-2001) écrit et réalise Des filles pour un vampire (L'ultima preda del vampiro). Regnoli, qui fut l'un des auteurs du scénario de I Vampiri, renonce cette fois au savant fou et opte plus prudemment pour la recette à succès de Polselli : la troupe de danseuses en nuisettes translucide prise au piège dans le château d'un vampire. Il va jusqu'à retourner sur les lieux de tournage de L'amante del vampiro, et reprend même Walter Brandi – le Pierre Mondy italien – dans le rôle du vampire, malgré le contre-emploi évident.
Regnoli ne persévérera pas dans le gothique. Il fait malheureusement partie de ces nombreux tâcherons italiens courant derrière les modes, quelle que soit la nature du film.
Malgré le manque de moyens, d'ambition, et le choix à bon compte d'une action se situant de nos jours (sans compter Walter Brandi qui est à Christopher Lee ce que Jacques Villeret est à Alain Delon), Des filles pour un vampire nous réserve quelques moments gothiques appréciables, sans doute d'une meilleure facture que ceux de Renato Polselli, notamment l'intense séquence dans la crypte (de 1:00 à 1:13), un passage avantageusement tourné en studio. Mais ce film nous offre donc aussi une visite du Palazzo Borghèse où Polselli avait déjà tourné L'amante del vampiro, et où Massimo Pupillo viendra filmer Vierges pour le bourreau en 1965.

Les autres gothiques italiens
             
• Réalisé en 1962 par Riccardo Freda (1909-1999), L'effroyable secret du Dr Hichcock (L'orribile segreto del Dr. Hichcock) débute sur le sinistre spectacle d'un homme profanant une tombe dans un cimetière londonien. Cette scène initiale donne le ton d'un film baignant en permanence dans une atmosphère à la fois irréelle et morbide, soutenue par une musique sombre et envoûtante.
En ce qui concerne ses qualités gothiques, si les références au moyen-âge restent modestes (seule la crypte semble provenir de cette époque), le mystère et la menace surnaturelle sont omniprésents. Le thème (une jeune femme aux prises avec un spectre) et les situations (L'inquiétante demeure, le dédale sous-terrain, la nature menaçante, etc.) sont typiquement gothiques.

Les autres gothiques italiens
           
• Poursuivant sur sa lancée, Ricardo Freda réalise en 1963 Le spectre du Dr Hichcock (Lo spettro) dans lequel, conformément à la tradition gothique, le sinistre château s'avère être l'élément principal. Ses pièces surchargées, plongées en permanence dans l'obscurité, sont particulièrement oppressantes. Ses tristes occupants ne s'en libèrent que pour se rendre au cimetière voisin, lors des brèves apparitions d'un soleil blafard, bien vite happé par la nuit orageuse. Comme si cela ne suffisait pas, le macabre édifice écossais abrite un spectre...

Les autres gothiques italiens
             
• La crypte du vampire (La cripta e l'incubo), réalisé en 1964 par Camillo Mastrocinque (1901-1969), est une valeur sûre du gothique dans le cinéma italien. Tout y est : une mystérieuse malédiction ancestrale, un huis clos hors du temps et du raisonnable, un décor médiéval, la nuit, les ruines, la peur... L'histoire semble inspirée de Nicolas Gogol et de Sheridan Le Fanu. Sorcellerie et vampirisme s'y affrontent, brouillant les cartes du bien et du mal. Mais nous retiendrons surtout la chapelle abandonnée, dont le sinistre tocsin nocturne attire vers ses ruines les jeunes femmes en chemise de nuit.
À noter que ce film est tourné dans le fameux château Balsorano (XVe siècle), dans la province de L'Aquila, région des Abruzzes, en Italie. Ce château servi de décors à bien d'autres productions, dont Vierges pour le bourreau, La septième tombe, ou encore, La réincarnation d'Isabelle.

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• Comme son collègue Renato Polselli, Massimo Pupillo (1922-1999) réalisa une trilogie gothique. On lui doit, dans l'ordre : Le cimetière des morts vivants (juin 1965), Vierges pour le bourreau (novembre 1965), La Vengeance de Lady Morgan (décembre 1965). Pupillo n'aimait pas ce cinéma qu'il pratiqua pour l'argent. L'essentiel de son activité de cinéaste fut consacré au tournage de documentaire et de programmes éducatifs. Pupillo, c'est l'« intellectuel » du cinéma bis italien (et membre de la commission de censure italienne !).
Pour autant, sa trilogie ne manque pas d'intérêt. Voyons cela :
 
1 — Premier de la liste, Le cimetière des morts vivants (5 tombe per un medium), est un film notable du cinéma gothique italien. Malgré ses éléments de modernité (téléphone, automobile), il comporte les indices médiévaux de sa filiation avec ce genre. L'au-delà s'y manifeste sans cesse, dans une atmosphère étrange et terrifiante.
Ce film fut tourné au Castel Fusano, où Pupillo reviendra filmer La Vengeance de Lady Morgan.


Les autres gothiques italiens
Tags : Culture gothique
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#Posté le dimanche 29 janvier 2017 05:06

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 08:50


 
2 — Ensuite vint le plus connu, et sans doute le plus coûteux des trois : Vierges pour le bourreau (Il boia scarlatto). Les Italiens ayant l'art de recycler leur succès, nous retrouvons ici le thème « polsello-gastaldien » de la troupe de jeunes filles séquestrée dans un château, avec au début la scène de la chauve-souris à l'identique du Masque du démon et, indéniablement, une touche de La chambre des tortures de Corman. C'est une sorte de remake de Des filles pour un vampire avec un bourreau à la place d'un vampire. On y retrouve même le tandem Walter Brandi et Alfredo Rizzo.
Les aspects gothiques sont intéressants, mais souvent gâchés par des choix de mise en scène. Nous avons l'égarement dans les dédales du château, un moment important du cinéma gothique (comme du roman gothique d'ailleurs). Il se fait bien sûr toujours dans une ambiance de peur. La salle de torture est belle, mais trop éclairée, et la frénésie du bourreau est gênante. La musique est inappropriée. Notons enfin que les vues extérieures sont tournées au château de Balsorano, alors que les vues intérieures sont filmées au Palazzo Borghese.
Pour qui cherche en premier l'ambiance gothique, ce film viendra en fin de liste.

         
3 — Dernier volet de la trilogie, La vengeance de Lady Morgan (La vendetta di Lady Morgan) est probablement le plus gothique des trois. L'histoire est très proche de celle de Les amants d'outre-tombe [cf. infra] sorti en Italie exactement cinq mois auparavant. L'acteur Paul Muller y reprend le même rôle du mari assassin. Et, là encore, nous passons d'une première partie hitchcockienne à une seconde partie surnaturelle et onirique. Il est donc question de spectre, de vengeance, avec un château, une crypte, la nuit, l'orage... Le tout avec de beaux clairs-obscurs en noir et blanc.
Comme Le cimetière des morts vivants, ce film est tourné au Castel Fusano, un grand manoir datant du XVIIe siècle, dont l'apparence tient malheureusement plus du marquis de Vauban que de la Basilique Saint-Denis. Mais dans l'ensemble, nous sommes là dans le grand gothique italien, avec tout de même une fausse note : le cimetière et ses petites croix en carton plantées du matin.

             
• En écrivant Les amants d'outre-tombe (Amanti d'oltretomba) qu'il réalisera en 1965, Mario Caiano devait avoir en mémoire les deux « Hichcock » de Riccardo Freda (1962 & 63), ou bien Le corps et le fouet de Mario Bava (1963), ou encore quelques films de Roger Corman inspirés d'Edgar Poe (on peut penser à The tomb of Ligeia, 1964) ; autant de récits gothiques où la jalousie et la vengeance sont plus fortes que la mort. Caiano connaît ses classiques, et enferme ses sept personnages — dont deux spectres — dans un château qui, s'il n'a rien de médiéval, n'en est pas moins étouffant. Crypte mystérieuse, nuit orageuse, révélations épouvantables, tout cela ne semble pas avoir suffi à Caiano qui ajouta une histoire de savant fou inspiré par Les vampires (I Vampiri, 1956). Ces éléments de science-fiction viennent légèrement diluer l'efficacité gothique du film.

           
• Chaque décennie (des années 30 aux années 70) produira un gothique sensiblement différent. Réalisé en 1973 par Luigi Batzella (1924-2008), Les vierges de la pleine lune, (Il plenilunio delle vergini), sera filmé comme on filmait alors les giallos en Italie. Exit le clair-obscur et les lumières colorées, tout est blanc, trop exposé, trop réel. Tout est filmé in situ, quasiment sans décors. Et même si le tournage a lieu au fameux château de Balsorano, l'atmosphère gothique est pauvre. Alors que l'érotisme gagnait du terrain, les productions de cette décennie ont toutes perdu en « intensité gothique » (une mutation bien illustrée par Vampyres que José Ramón Larraz réalise l'année suivante).
S'inspirant de Dracula, mais aussi de Bathory, des rites sataniques, ou encore d'Edgar Poe (l'enterrement prématuré), Les vierges de la pleine lune mérite tout de même une petite place au panthéon du gothique, non-pas pour les thèmes abordés, mais pour ses quelques scènes ténébreuses et sépulcrales.

          
• Réalisé en 1993 par Michele Soavi (1957), Dellamorte dellamore est une histoire de zombie traitée sur un mode autant gothique qu'horrifique. Comme son compatriote Mario Bava, Soavi fut peintre avant de devenir cinéaste ; une qualité manifestement utile pour filmer de belles images. Les éléments comiques et gores tendent cependant à diluer les aspects gothiques du film.

Tags : Culture gothique
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#Posté le dimanche 29 janvier 2017 05:16

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 08:52

Le gothique de Mario Bava

Le gothique de Mario Bava
 
— Célèbre notamment pour ses films gothiques, le réalisateur italien Mario Bava (1914-1980) n'en tourna pourtant que trois majeurs. Un chiffre que l'on peut être tenté de doubler si l'on considère les connotations fortement gothiques de trois autres de ses œuvres. Comme indiqué initialement, nous restons très réservés sur cette dilution conceptuelle. Nous évoquerons donc d'abord ses films proprement gothiques, puis nous passerons en revue les autres.
 
Toujours est-il que la qualité compensa la quantité. Il faut dire que ce peintre de formation, puis directeur de la photographie, disposait des meilleures compétences pour s'attaquer à ce genre reposant beaucoup sur le décor et l'image.
 
• Le Masque du démon (La maschera del demonio), opportunément tourné en 1960 — alors que la Hammer Film donnait le ton à l'ensemble du cinéma d'épouvante —, montre la parfaite assimilation par Bava des codes du gothique. Ce style ne craint pas la démesure que lui apportera le cinéaste italien.
La crypte du Masque du démon est un sommet du gothique au cinéma ; un décor à 360° de ruines médiévales que découvrent, par une nuit brumeuse, des voyageurs bravant une terrible malédiction. Nos malheureux protagonistes y accèdent soit par les décombres d'une chapelle abandonnée, soit par un passage dérobé venant du château. De celui-ci, nous découvrons la grande salle, et deux chambres lugubres à souhait. Les vues extérieures sont tout autant impressionnantes, notamment le cimetière (dans le style « Corman »), ou encore le fiacre très baroque se déplaçant en images ralenties. Merci Mr Bava !
 
Le gothique de Mario BavaLe gothique de Mario Bava
        
         
• Comme Mario Bava, Roger Corman emboîte le pas de la Hammer Film en 1960. Le Masque du démon ayant été un gros succès commercial pour l'A.I.P. qui distribue aux USA les films des deux réalisateurs, il n'est pas étonnant de constater des similitudes dans leurs productions. Barbara Steele passera de Bava à Corman, Mark Damon fera le chemin inverse et, pour ce qui nous concerne, il n'est peut-être pas fortuit que certains visuels gothiques italiens évoquent les Américains, et vis versa.
Tourné en 1963, Les Trois Visages de la peur (I tre volti della paura), est un film à sketches dont le succès inspirera probablement ceux de la Amicus. Le segment qui nous intéresse ici est bien sûr celui des Wurdalak. L'église en ruine, L'environnement tourmenté, la menace surnaturelle permanente, la fuite des amants dans la nuit brumeuse : 100 % gothique.

Le gothique de Mario Bava
       
         
• 1963 est une très bonne année pour le cinéma gothique, et Le Corps et le Fouet (La frusta e il corpo) est sans doute la plus remarquable des productions de ce millésime. Pour ma part, je dirais même que c'est un des plus grands films gothiques de tous les temps. Mario Bava est au sommet de son art. Exploitant à merveille les somptueux décors intérieurs du château ancestral, de la chapelle et de sa crypte, il fait lentement passer les personnages de l'ombre aux lumières, dont les couleurs surnaturelles se succèdent sans transition.
Détachés des règles du monde, accaparés par la hantise et la folie, nos cinq aristocrates traversent ici un long rêve macabre rythmé par une musique triste et sombre.

Le gothique de Mario Bava
     
     
— Comme annoncé supra, passons maintenant aux trois gothiques « secondaires » dans l'œuvre du maître italien.
 
• Deux grands noms du cinéma gothique sont associés dans la réalisation du premier film d'épouvante sonore italien : Riccardo Freda et Mario Bava tournent ensemble Les Vampires (I vampiri) en 1956, avant même la seconde vague gothique que lancera la Hammer Film à partir de 1957. Cela dit, les vampires dont il est ici question relèvent plus de la science-fiction que du surnaturel. Mais l'énigmatique Duchesse dans son incroyable château médiéval pose magistralement les fondements de l'imagerie gothique italienne (la crypte, le sinistre enterrement, l'inquiétante architecture décrépite, les grandes salles où ondoient d'interminables rideaux fantomatiques, etc.).

Le gothique de Mario Bava
     
• Résumé en deux phrases Opération peur (Operazione paura) de 1966 pourrait donner : aux environs de 1910, dans un village médiéval d'Europe centrale, sévit un spectre meurtrier. Seule la révélation d'un terrible secret pourra mettre un terme à cette malédiction.
Bien que médiéval, un village offre moins qu'un château l'impression de claustration si importante dans le gothique. Mario Bava exploite au mieux les ruines filmées de nuit. Mais les trop nombreux personnages ne se départissent pas assez d'une certaine trivialité nuisant à l'ambiance recherchée. La « magie gothique » viendra surtout des plans réalisés en studio, dans la crypte et dans le cimetière (dont certains éléments viennent du Masque du démon).

Le gothique de Mario BavaLe gothique de Mario Bava
       
1972 : Baron vampire (Gli orrori del castello di Norimberga)
Tags : Culture gothique
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#Posté le samedi 28 janvier 2017 01:04

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 09:59

Le gothique de Roger Corman

Le gothique de Roger Corman
 
Roger Corman est le second pilier du gothique nord-américain — le premier étant la Universal durant son âge d'or du fantastique.
Il existe un étonnant contraste entre le flot de productions médiocres qui caractérise l'oeuvre de Roger Corman, et la grande qualité de ses quelques réalisations pour la fameuse série des Edgar Poe. Durant cinq années, de House of Usher (1960) à The tomb of Ligeia (1964), Corman ajoutera dix des plus belles fleurs ornant les vieilles pierres de l'édifice gothique.
Autant l'Universal avait puisé dans l'expressionnisme allemand d'avant-guerres, autant Corman s'inspirait du succès grandissant de la très britannique Hammer Film.
 
• L'absence de référence médiévale directe nous interdit de placer La chute de la maison Usher (House of Usher) parmi les plus gothiques de la série. Mais l'imagerie macabre y est déjà bien marquée. Grande demeure délabrée, crypte lugubre, passages secrets, dédales obscurs couverts de toiles d'araignées, squelette surgissant, et surtout une atmosphère fortement onirique, sont des critères indéniables.

Le gothique de Roger Corman
   
• Les premières images de La chambre des tortures (Pit and the Pendulum, 1961) nous font découvrir le chemin aboutissant à l'imposant château médiéval, longeant un rivage rocailleux et tourmenté par un ressac brutal et inlassable. L'action se situe en 1546, en pleine Inquisition espagnole. Nous visitons les grandes salles de l'imposante bâtisse militaire, puis ses sous-sols qui n'en finissent plus de descendre, engloutissant sous ses pierres massives les vivants et les morts. Bref, un film franchement gothique.

Le gothique de Roger Corman

Le gothique de l'Universal Studios

Le gothique de Roger Corman


Crée en 1912 par Carl Laemmle — il y a plus d'un siècle ! —, Universal pictures s'orienta rapidement vers l'épouvante qui, dès les années 20, s'annonçait prometteuse. Ainsi, les fameux monstres de l'Universal (Dracula, Frankenstein, le loup-garou, etc.) occupèrent les affiches du début des années 30 jusqu'au milieu des années 50. Tant au niveau de son personnel que de ses influences artistiques, le lien entre ces productions et le cinéma expressionniste allemand des années 20 est indéniable.
 
• Comme dans le roman de Bram Stoker, on retrouve souvent, dans les adaptations au cinéma de Dracula, la partie la plus gothique placée au début, lorsque le jeune clerc de notaire séjourne au château en ruine du vampire. Le Dracula (Dracula) de 1931 ne fait pas exception. Le second environnement gothique du récit se situe à Carfax, l'ancienne demeure londonienne du vampire. Fidèle à la narration de Stoker, le reste du film relève de l'enquête policière.
Dans ce film de Tod Browning, les décors du château et ceux de la maison de Carfax sont quasiment identiques, d'une même facture médiévale. Leur gigantisme démesuré est tout à fait dans l'esprit gothique.
Quelques vues de nuit dans les bois, où se déplace lentement la « dame en blanc », sont à noter.
 
Le gothique de Roger Corman
 
• Sorti en 1936, La fille de Dracula (Dracula's Daughter) est une suite directe du précédent, reprenant l'action juste après la mort du comte. Bram Stoker n'ayant pas donné de suite à son roman, les scénaristes ont imaginé l'histoire de cette descendante, sans pour autant tourner le dos à la logique et à l'ambiance du récit initial. Les éléments gothiques sont au rendez-vous, notamment vers la fin où l'on retrouve le château inchangé.

Le gothique de Roger Corman
 
• Ne s'embarrassant plus de continuité, la compagnie renoue ensuite avec le thème initial du roman de Bram Stoker (le vampire sournois opposé au bon professeur). Ce retour aux sources narratives s'accompagne malheureusement d'un abandon des références européennes et médiévales : tout se passe dans une bourgade rurale du Sud des États-Unis (le cercueil de Dracula n'est plus dans une crypte, mais dans un canal de drainage au bord d'un marais...). En matière de gothique, Le fils de Dracula (Son of Dracula), tourné en 1943, est le plus pauvre de la série. On y trouve tout de même le bois à la végétation sinistre et le cimetière fréquenté de nuit.

Le gothique de Roger Corman
   
• En 1945 L'Universal réalise La maison de Dracula (House of Dracula) dont le scénario semble s'apparenter à ceux des serials de l'époque : hétéroclites et absurdes. Nous sommes très loin d'Ann Radcliffe. Et pourtant, nous sommes toujours dans le cinéma gothique, ne serait-ce que pour les ombres de formes inquiétantes masquant la lueur des bougies sur les vieilles pierres. Et puis surtout, le château est de retour !
Il faudra attendre 34 ans pour qu'une affiche de la compagnie porte à nouveau le nom de Dracula...

Le gothique de Roger Corman

• Dracula (1979) [John Badham]
• Van Helsing (2004) [Stephen Sommers]
 
• La tour de Londres (Tower of London, 1939)
 
• Werewolf of London (1935)
• The Wolf Man (1941)
• Frankenstein Meets the Wolf Man (1943)
• She-Wolf of London (1946)
• The Wolfman (2010)
 
• Frankenstein (1931)
• The Bride of Frankenstein (1935)
• Son of Frankenstein (1939)
• The Ghost of Frankenstein (1942)
• House of Frankenstein (1944)
• Abbott and Costello Meet Frankenstein (1948)


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#Posté le vendredi 27 janvier 2017 00:41

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 12:24

Les autres gothiques américains

Les autres gothiques américains
 
• Si Les contrebandiers de Moonfleet (Moonfleet) n'aborde que modestement le thème du surnaturel — qui plus est dans le registre de l'imaginaire et du « surnaturel expliqué » (selon cette expression relative à la littérature gothique) —, il n'en comporte pas moins des éléments gothiques majeurs : une terrifiante malédiction, des disparitions attribuées à la vengeance d'un revenant, d'inquiétants contrebandiers, un cimetière ancien et son macabre sous-sol, un vieux manoir en ruine, etc. Le roman à l'origine du film date de 1898, un an après la publication du Dracula de Bram Stoker.
Peintre de formation et vétéran du cinéma expressionniste allemand, le réalisateur Fritz Lang (1890-1976) exploite parfaitement la part d'ombre de ce récit qu'il filme en 1954. L'atmosphère gothique y est admirablement illustrée, à commencer par les vues nocturnes du cimetière et de son impressionnante statue.
 
Les autres gothiques américains
       
• William Castle (1914-1977) s'est fait connaître grâce à son cinéma d'épouvante. Mais on ne pense pas à lui lorsqu'il est question de gothique. En effet, House on the hauted hill (1959), et même The old dark house pourtant tourné avec la Hammer Film en 1963, ne sont pas des films gothiques. En 1961, William Castle fait tout de même une brève incursion dans l'imagerie propre à ce genre grâce à son Mr Sardonicus. L'action se déroule dans un château médiéval perdu dans l'est de la vieille Europe. On pense partir sur une histoire de goules et de jeunes filles qui disparaissent, mais ces dernières ne risquent guère plus que leur vertu, et le surnaturel laisse vite la place à des désagréments de ticket de loterie, de placébo et de maladie psychosomatique. Ce film mérite tout de même d'être évoqué, notamment pour quelques très belles scènes nocturnes dans un cimetière digne des grands moments de l'Universal.

Les autres gothiques américains
       
• Le puits et le pendule (The pit and the pendelum, 1990) de Stuart Gordon (1947) est peut-être le fleuron du cinéma gothique des années 90. En tout cas, il s'inscrit dignement dans la succession des adaptations d'Edgar Allan Poe par Roger Corman, avec une grande qualité des décors médiévaux et de leur éclairage. Les personnages et les situations évoquent la noirceur et la frénésie rencontrée dans Le moine (1796) ou encore Melmoth (1820).

Les autres gothiques américains
         
• Il n'est pas rare que les films gothiques situent leur action au tournant du XXe siècle, mais souvent en lien avec un passé plus lointain, médiéval de préférence. Le thème du musée de cire est propice à cette mise en abîme.
Masques de cire (Mystery of the Wax Museum) réalisé en 1933 par Michael Curtiz (1886–1962), puis son remake de 1953 L'homme au masque de cire (House of Wax) d'André De Toth (1912–2002) nous offrent de belles images de la ville tourmentées par des orages nocturnes.

Les autres gothiques américains
 
 
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#Posté le vendredi 27 janvier 2017 00:58

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 12:30

La Hammer Film et ses vampires

La Hammer Film et ses vampires
 
La série des films de vampires de la Hammer Film comprend quinze œuvres,
dont neuf Dracula.

La Hammer Film et ses vampires


•  Elle débute en 1958 avec Le cauchemar de Dracula (Dracula).
Dans ce superbe film réalisé par Terence Fisher (1904-1980), toutes les scènes se déroulant au château puis au cimetière baignent dans une atmosphère gothique.

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•  En 1960, le château du comte Dracula laisse la place à celui du Baron Meinster, dont l'architecture inquiétante domine cette région transylvanienne. Donc, pas de Dracula dans le mal nommé Les maîtresses de Dracula (Brides of Dracula), mais un édifice médiéval tout autant menaçant, surtout de nuit.

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 •  C'est au tour du Dr Ravna de jouer les maîtres-vampires en 1963, dans Le baiser du vampire (Kiss of the vampire). Ce récit plus rationnel, moins onirique, contient tout de même quelques belles scènes gothiques valant le détour. Là encore l'imposante demeure du vampire, mais aussi le cimetière embrumé, ainsi qu'une traversée de forêt la nuit, restent les éléments gothiques centraux. Ce film a inspiré le parodique, mais néanmoins gothique, Bal des vampires (Dance of the vampires) réalisé en 1967.

La Hammer Film et ses vampires
   
 •  En 1966, Dracula Prince des ténèbres (Dracula Prince of darkness) met en scène le retour du Comte dans cette suite du tout premier film. Nous retrouvons ici les vues extérieures du château du Baiser du vampire (la Hammer Film fait des économies). Mais les décors intérieurs sont bien plus gothiques, plus sombres et médiévaux pour ce film voluptueusement lugubre, malgré l'absence du traditionnel cimetière ancien.

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•  À part quelques concessions narratives à la modernité de l'époque, Dracula et les femmes (Dracula has risen from the grave) reste une oeuvre puissamment gothique. Cette fois, aucune vue intérieure du château, mais des extérieures impressionnants, tout en verticalité gothique. De belles scènes en forêt, traversée de nuit en corbillard, contrastent avec les plans sous-terrains, caves et tunnel. Ce film de 1968, à la photographie éblouissante, contient aussi de sublimes images des toits de la ville, plongés dans les lumières colorées de la nuit.

La Hammer Film et ses vampires
   
•  Ceux qui ont eu le courage de lire attentivement Les origines du « gothique » en littérature et au cinéma, savent l'importance de l'architecture dans les romans, puis les films gothiques. En plaçant la vieille église médiévale au centre de l'action, Une messe pour Dracula (Taste the blood of Dracula) illustre bien ce procédé. Ce film, réalisé en 1969, nous plonge de nuit en ces lieux inquiétants et macabres. Une grande réussite du gothique au cinéma.

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#Posté le jeudi 26 janvier 2017 06:51

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 12:32

•  Sorti en 1970, Les cicatrices de Dracula (Scars of Dracula) est admirable par la qualité de ses décors, faisant du château médiéval l'élément principal de cet épisode. Si les vues éloignées de l'édifice se limitent à des « matte shots », sa cour extérieure et les pièces intérieures sont magnifiquement reproduites. L'ambiance irréelle régnant dans ces vieilles pierres est appuyée par une brume rampante où se perdent les pas hésitants des victimes du Comte. La forêt sombre que doivent traverser nos héros, la nuit orageuse, ou encore la crypte lugubre et sans issue, complètent ce spectacle franchement gothique.

   
•  Toujours en 1970, The Vampire Lovers illustre bien le contexte et l'imagerie gothique anglaise des origines. L'action se situe au Royaume-Uni, au tournant du XIXe siècle, précisément à l'époque où la littérature gothique était à son apogée. Le film débute sur le contraste entre le château médiéval en ruine des Karnstein et la demeure de style classique du General von Spielsdorf (avec ses colonnes d'inspiration grecque). Il met donc en scène précisément cette opposition esthétique qui marqua la naissance du mouvement gothique.
On peut reconnaître, dans les superbes décors intérieurs du château, l'église infernale d'Une messe pour Dracula, modifiée pour l'occasion. En plus de la toujours saisissante traversée nocturne des bois, ce film fait usage d'un procédé malheureusement trop rare dans les séquences gothiques, et pourtant d'une redoutable efficacité : le ralenti. Les mouvements du spectre prennent ainsi une ampleur onirique hallucinante.

   
•  3e film de vampire tourné par la Hammer en 1970 (et 2e volet de la trilogie des Karnstein), on retrouve dans Lust for a vampire les superbes décors des précédentes réalisations. De nouveau, l'opposition esthétique entre le château gothique et l'école de jeunes filles, aux nombreuses références « classiques », est au centre du récit.
Ce film marque une baisse dans la qualité de la production. Certaines scènes relèvent de la série « Z ». Mais le visuel des séquences gothiques reste satisfaisant.

   
•  Comme son titre français ne l'indique pas, Les sévices de Dracula (Twins of evil) est le dernier volet de la trilogie des Karnstein. Réalisé en 1971, on y mesure le chemin parcouru depuis le premier film de vampire. La sobriété initiale a laissé place à un gothique plus flamboyant, presque exagéré, mais qui ne gâche rien à l'esprit du genre, au contraire. La splendide photographie offre à nos yeux émus de superbes sous-bois au clair de lune, un château aux dimensions de cathédrale, un sous-terrain et sa crypte on ne peut plus macabres, ou encore un spectre qui tient du cauchemar.

   
•  Du point de vue gothique, Dracula 1973 (Dracula AD 72), n'a d'intérêt que pour ses séquences dans la vieille église en ruine, hantée par la silhouette inquiétante du vampire. C'est peu de chose, mais elles sont à la hauteur des productions précédentes, et permet d'accorder à ce film une valeur gothique indéniable.

   
•  On ne peut nier les qualités gothiques du Cirque des vampires (Vampire circus), mais il faut les qualifier de « frénétiques », c'est-à-dire issues de cette veine plus horrifique initiée en 1796 par Le moine de Matthew Gregory Lewis (dont une version cinéma est sortie en 2011). Malgré la poésie sombre qui l'imprègne, cette réalisation de 1972 manque d'une certaine retenue, et marque surtout un recul dans l'importance accordée à l'architecture médiévale.

   
•  En 1972, La Hammer Film fait appel à Brian Clemens, génial auteur de séries télé (Chapeau melon et bottes de cuir, Amicalement votre, etc.), afin de donner un nouveau souffle à ses films de vampire. Captain Kronos vampire hunter ne sortira qu'en 1974, après l'Exorciste de William Friedkin (1973), un film réputé pour avoir contribué au déclin du cinéma gothique. Cela dit, la valeur gothique de Kronos est relative. Les décors voulus par Clemens évoquent plus les codes esthétiques des 60's que ceux du moyen-âge. Et sa narration franchement décalée ne convient pas à l'esprit gothique. Mais l'omniprésence de la forêt inquiétante et mystérieuse préserve une touche pseudo-gothique à cette réalisation.

   
•  S'il ne faisait pas partie de cette série, Dracula vit toujours à Londres (The satanic rites of Dracula) n'aurait pas été cité dans ces pages. En effet, ce film réalisé en 1973 n'a quasiment rien de gothique. Seule la poursuite finale, de nuit dans le bois, et la « dissolution » du Prince des ténèbres, évoquent sa parenté avec ses prédécesseurs.
Bien que la collaboration entre Brian Clemens et la Hammer en soit restée au seul film précédent, l'esprit « Chapeau melon et bottes de cuir » (avec l'humour en moins) semble planer sur cette enquête policière mettant en prise Scottland Yard avec des hommes d'influences impliqués dans de curieuses pratiques sataniques. Le satanisme peut être un thème gothique, à condition qu'il s'exerce dans un contexte médiéval. Or rien de moyenâgeux dans cette histoire qui, au contraire, nous montre un Dracula obligé d'utilisé les moyens de la science moderne pour imposer sa domination. Passons au suivant !

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#Posté le jeudi 26 janvier 2017 07:07

•  Le gothique est heureusement de retour dans cette coproduction sino-britannique de 1974 : La légende des sept vampires d'or (Legende of the 7 golden vampires). Un gothique luxuriant et coloré, fruit du mariage entre l'Asie ancestrale et l'Europe médiévale. Une union pas si contre nature si l'on se souvient que, dans l'Angleterre du milieu du XVIIIe siècle, le goût pour la décoration moyenâgeuse avait cohabité avec celui pour l'ornementation orientale.
La touche gothique reste tout de même sommaire dans cet achèvement de la série. Elle se retrouve surtout au début, dans la crypte de Dracula, puis aux abords de l'inquiétante pagode de Kah, mais aussi dans l'apparition de morts-vivants très inspirés par le récent succès en salle de La révolte des morts-vivants (La noche del terror ciego, 1972) de Amando DeOssorio. On retrouve les « zombies momifiés », et leurs Chevauchées filmées au ralenti, non plus dans les très gothiques cathédrales espagnoles en ruines, mais aux abords du temple chinois usurpé par Dracula.









Les autres films gothiques de la Hammer






La Hammer film est surtout associée à ses films gothiques. Et pourtant, les productions réellement gothiques de cette compagnie sont nettement minoritaires (à côté de ses 41 policiers, 18 comédies, etc.). Bien sur, ses films de vampires sont de véritables joyaux du genre. Pour le reste, à moins d'élargir excessivement la définition (ce à quoi nous résisterons), il nous faut nous contenter de brefs passages gothiques ou pseudo-gothiques dans des récits qui n'évoquent que lointainement cet univers sombre et onirique.
 
Contrairement aux idées reçues, et bien qu'il fut publié en 1818 — avant la fin de l'âge d'or du roman gothique anglais —, Frankenstein n'est pas à considérer comme un roman gothique, mais bien plutôt comme le premier ouvrage de science-fiction. Il serait pourtant inexact de n'y voir aucune influence des oeuvres noires et frénétiques de l'époque.
La Hammer produira huit « Frankenstein » d'où quelques belles images gothiques peuvent être extraites.
 
• En 1957, Frankenstein s'est échappé (The curse of Frankenstein), le premier et sans doute le plus beau de la série, contient deux séquences suffisamment gothiques pour être mentionnées : les scènes de début et de fin dans la prison, et surtout à la 38e minute, la superbe scène de nuit dans la crypte du château.


Les autres gothiques anglais


•  On peut dignement débuter cette page avec Le fantôme vivant (The ghoul), bien que ce film britannique de 1933 réponde plutôt à notre définition du pseudo-gothique, c'est-à-dire sans référence formelle aux figures médiévales. Cette production met tout de même en images clairs-obscurs des lieux particulièrement lugubres, essentiellement de nuit, abritant une intrigue mystérieuse et inquiétante. L'amateur de cinéma gothique y trouvera son compte.

   
• Bien que situant son action en Nouvelle-Angleterre, loin de toute ruine moyenâgeuse, La cité des morts (City of the dead, 1959) peut figurer parmi les films gothiques, tant les clichés du genre y sont appuyés. Tout s'y déroule de nuit, dans l'atmosphère claustrée d'un mystérieux village autant embrumé qu'isolé. Dans ce premier film d'épouvante de la compagnie Amicus (principale concurrente de la Hammer Film durant les années 60 et 70, et surtout connue pour ses films à sketches), de sombres moines démoniaques fréquentent le sous-terrain et le cimetière.






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#Posté le jeudi 26 janvier 2017 07:17

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 14:34

Les origines du " gothique " en littérature et au cinéma

Les origines du " gothique " en littérature et au cinéma
 
LE GOTHIQUE

Le « gothique », en tant que mouvement littéraire, est apparu en Angleterre au XVIIIe siècle. Ce mouvement émergea du regain d'intérêt pour l'architecture médiévale religieuse et militaire que connaissait alors ce pays, dans un contexte où dominait l'esprit de la Renaissance, c'est-à-dire le classicisme (notamment en architecture), l'humanisme, la science et la raison. Ce fut donc une sorte de réaction culturelle, qui entraîna un « tourisme » sur les sites gothiques, ainsi que pour les plus fortunés, un renouveau des constructions ou des décorations néo-gothiques.

Mais, dans l'Angleterre protestante du XVIIIe siècle, cet engouement pour les vestiges gothiques ne fut en rien un retour aux idées qu'ils abritaient. Au contraire, cette fascination reposait sur la déchéance de la période médiévale dont il ne restait que des ruines. C'était un intérêt figuratif, c'est-à-dire basé sur les représentations et l'imaginaire. Hormis la critique du catholicisme qu'il favorisa chez certains auteurs, le gothique du XVIIIe ne fut donc pas idéologique, mais esthétique. À ce titre, il ne fut pas antagoniste au Siècle des Lumières.
 
Le point de départ fut donc la résurgence d'une valeur esthétique accordée aux vestiges de l'architecture médiévale, dans ce qu'elles évoquent de grave, de ténébreux, d'inquiétant et de mystérieux : forteresses en ruines, châteaux abandonnés, prisons anciennes, vieux monastères, cathédrales sombres, trappes secrètes, tours menaçantes, couloirs labyrinthiques, abbayes lugubres, cryptes macabres, tunnels oubliés, catacombes obscures, cimetières désertés, etc. Ces lieux, auxquels viennent s'ajouter des éléments naturels appropriés (forêt sombre, caverne, pleine lune, brume, orage, mer déchaînée, etc.), provoquent des impressions « nocturnes ». Ils inspirent la peur, le mystère, la mélancolie, l'idée de décadence, ou encore la vanité de l'existence et la mort inévitable.

À cette même période se développa une poésie autour de ces thèmes. Cette poésie de la nuit accentuait les sombres émotions que pouvait susciter la fréquentation, nocturne de préférence, des sites gothiques. S'y trouvait exalté un imaginaire onirique et fantastique, peuplant volontiers ces lieux ténébreux de spectres et autres manifestations surnaturelles. En voici un exemple du poète David Mallet :
 
« Ici, tout n'est que silence redoutable ; rien ne le trouble,
    Que le vent qui soupire et la chouette qui pleure
    Et crie, solitaire, sous la lune funèbre,
    Dont les rayons se glissent, à l'ouest, dans cette nef latérale
    Où un triste fantôme, d'un pas immatériel,
    Fait sa ronde habituelle, ou s'attarde sur sa tombe »
 
L'attrait pour le gothique tient aux sensations fortes qu'il procure. C'est un plaisir ambigu où la menace devient voluptueuse, et la terreur envoûtante. Le sens commun pourra n'y voir aucune beauté, et il n'aura pas tort, car, comme le soulignèrent certains auteurs du XVIIIe à propos de l'architecture comme de la littérature, il convient ici d'ajouter au beau une autre catégorie esthétique : le sublime.

— Le beau relève de ce qui est fini, lisse, droit, clair, léger, plaisant, perçu et rationnel.
— Le sublime relève de ce qui est infini, rugueux, irrégulier, sombre, massif, inquiétant, imaginé et irrationnel.
 
Ainsi comprend-on mieux en quoi les lumineuses colonnes des édifices grecs se distinguent des sombres voûtes ogivales des cathédrales gothiques. Les premières sont belles, et les secondes sont sublimes. Cette antinomie peut s'exprimer sur une infinité de concepts. Au goût on peut opposer la passion, au neuf l'ancien, à la lucidité le rêve, à la vie la mort, etc. Dans la préface de sa pièce Les amants malheureux, ou Le Comte de Comminge  (1768), Baculard d'Arnaud souligne la force du sublime, du « genre sombre » d'inspiration anglaise : « Qu'on lise l'Enfer de Dante, le Paradis Perdu de Milton, les Nuits du Docteur Young, et l'on sentira combien cette branche du pathétique a d'emprise sur les hommes. Fût-on jamais autant affecté d'une prairie émaillée de fleurs, d'un jardin somptueux, d'un palais moderne, que d'une perspective sauvage, d'une forêt silencieuse, d'un bâtiment sur lequel les années semblent accumulées ? Je voudrois bien que nos métaphysiciens se donnassent la peine d'éclairer la cause de ce sentiment qui nous maîtrise, nous emporte, nous ramène à ces débris de monuments antiques, de tombeaux, etc. ».
 
 
LE ROMAN GOTHIQUE

C'est enfin dans la seconde moitié du XVIIIe que la poésie gothique sera transposée au romanesque. En 1764, Horace Walpole, aristocrate, homme politique et amateur éclairé d'architecture gothique, publie la première « gothic story » : Le château d'Otrante. Inspiré par un rêve étrange et par sa propre demeure, ce roman est centré sur l'atmosphère inquiétante des lieux. Horace Walpole définissait son texte comme un mélange de roman de chevalerie et de roman moderne de son époque (6). C'est une transition importante, car l'intrigue romanesque peut soutenir, mais aussi diluer les images et émotions fondamentales du gothique. En effet, si les personnages maudits, errants et mystérieux viennent opportunément peupler les paysages gothiques, les mobiles de l'action souvent employés, tels que l'usurpation, la vengeance, ou même l'opposition moralisatrice du bien et du mal, sont quant à eux sans lien direct avec cet environnement. Et si l'on peut reprocher à bien des films « gothiques » de ne justifier de cette qualité qu'en toile de fond, la critique tient aussi pour bien des disciples de Walpole.
 
De nombreux auteurs succéderont à Walpole. Mais, en élargissant son lectorat, le roman gothique connut rapidement une inflexion de ses thèmes en direction des fictions sentimentales très en vogue à cette époque. Il en fut ainsi pour Le vieux baron anglais (1778) de Clara Reeve, imitatrice d'Horace Walpole, où le fantastique, le mystérieux et l'onirique cèdent de la place au pathétique amoureux et au quotidien de la bourgeoisie de l'époque. Ce fut également le cas du Souterrain (1783) de Sophia Lee, auteure inspirée par la littérature sentimentale française, dont les scènes sont opportunément resituées dans un cadre architectural gothique, jouant maintenant les seconds rôles. Comme le souligne Maurice Lévy, à partir de Sophia Lee « le “gothique” se trouvera toujours associé au thème de l'infortune en amour, et perdit la sécheresse et aussi la brièveté, des pionniers du genre. ». Le « tendre » se mêle donc au « ténébreux », et inversement, puisque sous l'impulsion de cette littérature, les auteurs de romans sentimentaux ajoutent à leur tour des éléments de « décoration » gothique pourtant bien étrangers à leurs intrigues.

Le roman gothique s'est donc progressivement  féminisé et embourgeoisé. Il a accepté la consolation religieuse et la morale divine. Il s'est rationalisé et psychologisé au détriment du fantastique.
 
Cela dit, certaines œuvres conserveront une prédominance gothique, telles que Alan Fitz Osbourne (1786) d'Anne Fuller, et bien sûr Les mystères d'Udolphe (1794) d'Ann Radcliffe, dans lequel se reflète nettement la vogue du « pittoresque » gothique, et pour lequel l'inquiétante architecture médiévale reste un élément décisif.

Le moine (1796) de Matthew Gregory Lewis dispose également des éléments architecturaux et oniriques typiques du roman gothique, avec toutefois l'introduction de personnages franchement horrifiques d'inspiration germanique (Lucifer, entre autres). Ce style, où le sentimental laissait plus de place à l'horrifique, fut qualifié de « frénétique ». À la manière dont la beauté a été distinguée du sublime, on doit ici discerner la terreur de l'horreur. La terreur est la peur suscitée par les représentations gothiques. Elle est « d'origine burkienne, se fonde sur l'obscurité et se nourrit d'incertitude ». Elle se range donc du côté du sublime et participe à son esthétique. L'horreur est la peur suscitée par la confrontation immédiate et concrète avec la monstruosité physique. Elle « est vision directe et fige, au lieu de stimuler, la fonction imaginaire. »  Ainsi :

— La terreur est suscitée par l'onirique, l'allégorique, l'abstrait, le suggéré, l'ambigu, le furtif, l'imaginé, le caché. Dans le gothique anglais, les spectres sont irréels, transparents, ou prennent l'apparence de squelettes.
— L'horreur est suscitée par l'objectif, le direct, le brutal, le certain, l'évident, le perçu, le réel, le physique. Dans le gothique d'inspiration germanique, les spectres sont monstrueux, prennent l'apparence de cadavre, « ils sont agressifs, sataniques ».
 
Le roman gothique se lisait dans toutes les classes sociales. Ce succès commercial favorisa son évolution finale vers l'horreur et sa surenchère, afin de maintenir les ventes menacées par l'accoutumance des lecteurs aux thèmes répétitifs de la terreur gothique. Une analogie peut-être faite entre la Minerva Press, principale maison d'édition du roman gothique entre 1790 et 1820, et la Hammer Film qui, 170 ans plus tard, évoluera également de la terreur vers l'horreur pour conserver son public.

Selon Maurice Lévy, pour qu'un roman puisse être qualifié de gothique, il doit nécessairement réunir trois caractéristiques dominantes : « l'usage d'une architecture médiévale » ; la présence de l'« Au-Delà » (réel ou non) ; et une atmosphère d'angoisse et de mystère (14). Il considère que le roman gothique pur disparaît presque totalement avec Les Albigeois de Maturin, publié en 1824. L'auteur du très « gothique » Malmoth (1820) pousse ici le genre vers le roman historique. À cette période, la dimension fantastique — et de science-fiction avec le Frankenstein (1818) de Mary Sheley — prend également le pas sur l'esthétique macabre. Mais les éléments gothiques continueront indéfiniment à teinter plus ou moins fortement la littérature, puis le cinéma. Il n'est besoin que de citer le Dracula (1897) de Bram Stoker, pour pointer ces œuvres abusivement, mais pas déraisonnablement, considérées comme gothiques.
 
Une définition se doit d'être restrictive, sinon elle perd son sens. Notons cependant que si l'architecture médiévale est incontestablement essentielle au « gothique », elle n'en constitue pas moins un verrou spatio-temporel, que l'on peut être tenté de faire sauter lorsque des œuvres saturées d'une ambiance sombre, de mystère et de terreur, dominées par les canons du sublime, suscitent au lecteur ou au spectateur des émotions de même nature que celles évoquées par les classiques du gothique. Les éléments naturels (notamment la forêt, dont Maurice Lévy souligne les liens avec l'architecture gothique), peuvent tenir lieu d'un environnement aux inspirations comparables à celles des monuments médiévaux, surtout s'ils sont mis en scène dans ce qu'ils peuvent avoir de plus tourmenté et inquiétant (de nuit, par temps orageux). Des attributs décoratifs ou vestimentaires peuvent aussi évoquer de fortes analogies médiévales, et plus généralement funèbres. Un sous-terrain éclairé de torches où circulent des personnages encagoulés évoquera la fantasmagorie médiévale, en l'absence d'une architecture typique. De tels éléments pourraient être qualifiés de pseudo-gothiques.
 
 
LE GOTHIQUE AU CINÉMA

« Gothic horror as we know it today is largely an invention of the late 18th century. The ultra-fastidious arbiters of the Age of Reason had no use for the ghosts and sadistic atrocities which Shakespeare and his contempararies exploited. But by the end of the 1700's, these repressed, 'undead' phantoms had returned with a vengeance in the form of Gothic novels and poetry. Two centuries later, British horror films would adhere to their Gothic models with considerable fidelity ».
 
Le gothique au cinéma et non le cinéma gothique, car il semble qu'en la matière ce soit souvent de manière abusive que l'on qualifie une œuvre de gothique. Les adaptations de romans proprement gothiques sont rares (Le château d'Otrante ou Les mystères d'Udolphe ne furent jamais filmés). Le gothique au cinéma se manifeste plutôt secondairement, en toile de fond d'un récit principalement horrifique ou fantastique. C'est le cas notamment des films de vampires et autres créatures ressuscitées.

Ce n'est pas un hasard si le plus horrifique des classiques de la littérature gothique, Le moine de Matthew Gregory Lewis, fut le premier l'objet de tardives adaptations au cinéma. D'abord en 1972, réalisé par Adonis Kyrou dans une coproduction franco-italo-allemande, puis en 1990 par l'Espagnole Francisco Lara Polop, et enfin en 2011, par le Français Dominik Moll. Les productions les plus proches du roman gothique original, comme Le corps et le fouet (Mario Bava, 1963), Le manoir de la terreur (Alberto de Martino, 1963), Le vampire et le sang des vierges (Harald Reinl, 1967), ou encore And Now the Screaming Starts ! (Roy Ward Baker, 1973), restèrent plutôt isolées, même dans les années 40 à 60, à l'apogée du genre.

Cela dit, sommes-nous tenus de transposer au 7e art les critères retenus pour le roman gothique ? Nous avons vu que l'esthétique gothique (imagerie et poésie) préexistait à son adaptation romanesque. Fondamentalement, le roman vient ajouter une intrigue à cette esthétique, faute de quoi nous restons dans sa description ou sa représentation. Le « principe » gothique n'est pas intrinsèque à l'intrigue. Il est plus proche de l'émotion. Si une définition du roman gothique peut légitimement intégrer des facteurs narratifs en considérant l'homogénéité thématique du corpus en question, qui plus est sur une période historiquement bien définie, rien n'interdit — même pas les trois critères de Maurice Lévy énoncés supra  — d'affirmer la primauté du gothique préromanesque, comme critère fondamental. On peut en effet soutenir qu'en dehors de sa forme contemplative pure, le gothique s'intégrera toujours de manière fragmentaire aux œuvres qui s'en inspirent. Il n'y aurait donc plus de roman gothique ou de cinéma gothique, mais des fragments, des instants gothiques au sein de ces œuvres. Le point de vue est osé, mais il valide une forme d'exploration du gothique au cinéma, libérée des restrictions appliquées au roman. Paradoxalement, cette libération est, elle aussi, restrictive, car elle ramène le gothique à son noyau poétique et onirique qu'il s'agira de repérer au sein d'œuvres hétérogènes.
 
 
EN SOMME...

Le gothique est avant tout une « émotion esthétique », une exploration onirique d'un passé ténébreux et mystérieux, évoquée notamment par les vestiges d'une architecture macabre et sublime. C'est une « mélancolie des ruines », indifférente aux lois de la logique, s'opposant au réalisme du quotidien. La mort s'y manifeste par la désolation du temps qui passe, le néant de toute existence, mais aussi par le retour imaginaire ou surnaturel des tourments du passé.

Le gothique « pur » n'est sans doute pas assez narratif pour mobiliser le commun des cinéphiles, tout comme les « poètes de la nuit » ne connurent pas, au XVIIIe siècle, le même succès que les romans qui s'en inspirèrent. Par ailleurs, le déclin du « gothique » au cinéma, à la fin des années 60, a coïncidé avec celui de la censure, laissant supposer qu'une part du public s'en contentait faute d'images horrifiques plus directes. Cette supposition est corroborée par le destin comparable d'un certain cinéma érotique qui ne résista pas à l'abdication de la censure.

L'adepte de gothique, celui pour qui les ambiances outrancièrement sublimes sont essentielles, est donc minoritaire. Si vous êtes de cette frange, bienvenue dans les pages suivantes...
 
Les origines du " gothique " en littérature et au cinéma
Tags : Culture gothique
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#Posté le mercredi 25 janvier 2017 11:58

Modifié le dimanche 29 janvier 2017 14:36

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